Blabla avant le sujet qui fait "You need man I don't need you" :
Merci pour tous vos messages en avril dernier.
Vous êtes vraiment des amours, et je ne me suis pas remis àécrire aussi rapidement que je pensais.
Mais merci les pipous, vous avez beaucoup compté.
Pour vous remercier, un article sur les hot ginger : http://www.thegailygrind.com/2014/07/28/red-hot-ginger-fever-spreads-new-york-city/
You're welcome.
Sujet du jour :
Renault, et sa campagne belge très sexiste "Nous, les femmes"
Pendant quatre mois de non-présence ici, alors que j'étais en train de crever / me transformer en queen alien et préparer mon règne sur le monde méditer sur ma condition humaine, j'ai vu passer un nombre incalculable de saloperies sexistes. Après de nombreux mois sans pousser de gueulante, je me suis interrogée sur l'idée de reprendre le blog. Gueuler, mais pourquoi faire? Et est ce que ça changera quelque chose, au fond? Est ce que ça vaut le coup de se manger des tonnes de trolls?
Et puis bon, comme je bosse (entre autres) avec des ados, je vois tous les jours les ravages du sexisme. Et ça m'a foutu assez en colère pour que je ré-ouvre ici. Tant pis pour les trolls, tant pis pour l'impression de crier dans le vide. J'aurais exprimé quelque part que je n'étais pas d'accord.
Par exemple, avec ce nouveau coup de Renault et sa campagne belge.
Ajoutéàça, la marque proposait des cartes qu'on pouvait télécharger sur son site parce HIHIHI LOL SAY DROLE :
hihihi
hihihi je suis si bête
(images piquées chez le nouvel obs : là)
Bien sur, comme la marque a subi un très vilain bad buz, elle a immédiatement retiré sa campagne de pub. On a pu voir plusieurs articles expliquant que "la marque a dû les retirer et mettre fin à sa campagne de promotion, face à l'indignation de nombreux internautes" (source : Europe1 : là). Bref, que c'était la faute d'internet qui s'indignait si les publicités avaient été retirées. Pas parce qu'ell puait grave du fion, à la base.
Donc c'est bon, ça a été retiré, y'a pas besoin de s'enerver meuf, non? Y'a des côôôses plus importantes, non?
Non.
Quelque chose d'aussi important que la publicité ne peut se permettre de véhiculer des messages remplis à ce point de sexisme. Surtout quand la voix off affirme que "Nous les femmes, nous avons tendance à improviser quand nous ne trouvons pas de place de parking (…). C’est pourquoi la nouvelle Renault Twingo vous offre l’option 'Désolée de m’être garée là'". Et qu'on voit la jolie etourdie se servir de son rouge à lèvre pour écrire un mot sur....une putain de serviette hygiénique.
Bingo de tous les clichés à la con sur les femmes.
Pour commencer, on prend l'expression "Nous les femmes, nous". Et on vomit. Beaucoup.
(j'ai voulu mettre un gif de vomi, j'ai tapé"puke" dans tumblr)(Ne le faites pas.)(Serieusement, le fais pas)(Viens pas te plaindre)
(T'as envie de vomir hein, maintenant?)(T'écoutes jamais rien putain)
C'est quelque chose qui me stresse beaucoup, que l'un de mes gestes ou l'une de mes actions devienne quelque chose pour enrichir le cliché de "Vous, les femmes". J'ai toujours peur que le moindre de mes défauts deviennent un argument de plus pour assurer le fait que quand même, les nanas, vous êtes un peu co-connes. Pas bien dégourdies, pas bien finaudes, pas bien capables de se débrouiller dans le wild world, I'll always remember you like a child, meuf.
Parce qu'on a déjà beaucoup d'injonctions de merde en tant qu'individu de genre féminin. Grossis pas trop du cul! Possède des nichons de tailles convenables pour ne pas qu'on te prenne pour un mec! Mets du rouge à lèvre mais pas trop rouge sinon t'es une pute! Maquille toi mais pas trop sinon t'es rien qu'un garage à bites! Habille toi de façon féminine mais pas trop sinon t'es un aspirateur à pénis!
Oh, je suis vulgaire?
Vous entendez les hommes nous parler dans la rue? (NOT ALL MEN)(Non, juste ceux qui nous parlent en fait)
Non parce que je suis blonde platine et je porte des shorts dans la rue. Et moi, je les entends. Et moi, j'aimerais bien être douce, sage et prude. Mais je m'y mettrais le jour où je n'aurais pas l'impression de partir en croisade à chaque fois que je suis dans l'espace public et que je montre un morceau de ma peau. Et qu'on est vulgaire avec moi alors je n'ai rien demandé.
Reprenons.
Les injonctions de merde pour exister en tant qu'individu. Auxquels il faut rajouter les injonctions de merde parce qu'on te considère faisant parti d'un groupe minoritaire et que chacun de tes faits et gestes peut être généralisés pour l'ensemble.
Tu la sens, la grosse angoisse?
Je suis un individu, et chaque fois que je fais une faute, on va le reporter sur le groupe dont on estime que je suis la représentante. Je fais du tort aux femmes à chaque fois que je me comporte mal.
Quand je tombe et que je me couvre les genoux de bleus parce que je suis maladroite, on va dire que les femmes sont vraiment étourdie.
Quand je traîne sur tinder, on va dire que les femmes sont vraiment superficielles et recherchent uniquement le physique.
Quand je m'empêche de parler de mes problèmes de couples sinon on va dire que si je suis féministe, c'est parce que je suis mal baisée.
Quand je m'empêche de parler de ma vie sexuelle sinon ça va encore renforcer le cliché de ma couleur de cheveux.
Cette aliénation qu'on se porte au quotidien, je n'ai absolument aucune envie de la retrouver partout, à la télévision et sur internet.
Le concept de représentation, ça vous parle?
Si je représente un membre de mon groupe comme quelqu'un d'ercevelée, ça donne quoi comme image aux membres? Et aux non membres? Et à celles/ceux qui n'ont pas encore de représentation de ce dit groupe?
Non seulement c'est de la connerie, mais en plus c'est dangereux.
Surtout que là, on parle de la route. Et niveau culture des stéréotypes genrés, on est déjà pas mal.
MIAM.
La route, ce moment sympa et égalitaire
Il se trouve que, dans la vie de tous les jours, je suis le superbe cas d'une blonde en twingo. Ma voiture, je l'aime d'amour, elle s'appelle Paulette et elle me sert à aller où je veux. Soyons d'accord sur une chose : Je me fous des marques, je me fous des modèles, je me fous de tout ce qui touche de près ou de loin à une bagnole car je n'y accorde aucune importance.
Mais j'ai bien compris que j'étais la cible du fabricant pour ce type de véhicule. Donc je ne suis pas sure que ça soit une bonne idée de me balancer à la tronche que je ne suis qu'une grosse dinde mal dégourdie.
Surtout que je me tape le sexisme au quotidien.
Et je vis le sexisme sur la route comme je vis le sexime en général : Si tu me traites comme une inférieure à cause du genre que tu me donnes, je vais venir chez toi et demander à tes gosses s'ils ne veulent pas venir dans les égouts voir sur les ballons flottent. Je vais ralentir si tu me fais des appels de phares parce que tu veux rouler plus vite. Je vais te faire des doigts si tu me klaxonnes. Je vais t'insulter en langue des signes dès que je pourrais. Et si je pouvais, je te cracherais dessus.
C'est cadeau. Bisous
Et je raconte même pas le stage de récupération de points (kikou griller un stop dans la campagne devant LA SEULE VOITURE DE GENDARMES QUI PASSE SAY CON) où je me suis retrouvée dans un groupe au 70% masculin et qui expliquaient que EUX savaient conduire et que s'il n'y n'avait pas plus de femmes dans les stages, c'est parce qu'on montrait notre teucha charmait les policiers quand ils nous arrêtaient.
Comme j'aime me faire des amis, tu sais ce que j'ai répondu, choupi? "Moi, ça me dérange pas que vous rouliez vite, je bosse pour le ministère du handicap. Alors quand vous irez vous exploser contre des poteaux, ça fera du boulot pour les collègues."#SuceMaBitePourLaSaintValentin
N'empêche que je l'ai bien retenu, que je ne suis pas légitime sur le goudron. Quand je fais une connerie ou que je loupe un creneau, je jure parce que je sais que ça sera retenu dans le cliché que les femmes ne savent pas conduire. Je me mords les lèvres et je jure (un peu)(beaucoup)(putain ta race de bordel de bite de ta putain de grand mère). Je me rajoute une pression supplémentaire parce que je n'ai pas envie qu'on emmerde une autre à cause de MES erreurs. Et j'ai la chance de savoir qu'il ne s'agit que de stéréotypes à la con.
Mais combien de femmes le pense vraiment? Qu'ellles conduisent moins bien, qu'elles font plus d'erreurs parce que c'est dans leurs gênes? Que c'est bien normal que ça soit l'homme qui conduise quand on va quelque part en couple?
Combien pour croire toutes ces bêtises?
Tu sais le pourcentage d'hommes dans le nombre des blessés liés aux accidents de la route? 62 %
Tu sais le pourcentage d'hommes dans le nombre des tués dans les accidents de la route? 75%
Et tu sais le pourcentage d'hommes dans condamnés pour homicides involontaires sur la route? 83%
(Source : La sécurité routière)(Et lis les rapports, aussi : Ici)(J'AI FAIS UN DUT DE DOCUMENTALISTE TU LIS MES SOURCES ET TU TE TAIS OKAY)
Pourtant, est ce qu'on stigmatise les hommes quand ils se placent derrière un volant?
Nope.
Est ce qu'ils se mangent des publicités qui renforcent le cliché qu'ils sont des incapables?
Nope.
Est ce qu'on les caricature comme des êtres con-cons, un peu simplet, à qui il ne faudrait pas donner le permis?
Nope.
Alors quoi? Pourquoi ça tombe encore sur nos faces? Pourquoi on se mange du sexisme de merde, encore? Surtout venant de la part d'une énorme marque qui est censée montrer l'exemple. Parce que j'estime que quand on fait 40 932 milliers d'euros de bénéfices en 2013 (source : Là), on peut investir de l'argent pour embaucher des publicaires qui soient un peu plus malins que ça.
Écrire un mot d'excuse avec un rouge à lèvre sur une vieille serviette hygiénique.
Vraiment?
Vous vous respectez tellement pas.
Pour cette campagne de pub, être une femme, c'est donc :
hypersexualisation (rouge à lèvre ROUGE VIF) + hormones (serviette hygiénique parce qu'on sait tous que les femmes et leurs règles, ohlala qu'elles sont chiantes) + étourderie (les femmes, ces êtres éternellement enfant qu'il faut protéger du monde et surtout d'elles mêmes).
De. La. Merde.
Par exemple, que faites vous des femmes trans? Encore invisibles, toujours invisibles.
Toute représentation est importante, et c'est moche.
Et rien que l'idée d'écrire sur une serviette hygiénique me file la gerbe en mode nuit du samedi durant les férias de Bayonne. Les serviettes hygiéniques, ça fait "flouch" quand tu les touches, c'est immonde. C'est aussi dégueulasse que toutes les scènes où les bébés aliens sortent de la cage thoraciques de leurs hotes en mode césarienne surprise.
ARE YOU MY MUMMY?
Et cette généralisation de notre prétendu incapacitéà nous garer parce qu'on est maladroiteétourdie TROP CONNE. Parce qu'on a une chatte à la place du cerveau, et qu'on est incapable de garer un véhicule inférieur ou égal à 3,5 tonnes, avec une remorque dont le PTAC est inférieur ou égal à 750 kg (Ouais j'ai suivi les 1250 heures de cours de code, REPONSE B J'ATTENDS AVANT DE DÉPASSER PARCE QU'IL Y A UNE LIGNE BLANCHE DE TES MORTS).
On va encore faire l'excuse de l'humour? Oups oups, on a rien dit, regarde, c'était pour de rire?
On est en 2014, l'excuse du rire ne prend plus. Tout le monde est trop vieux pour cette connerie, trouve autre chose Calimero.
N'utilisez pas le sexisme ordinaire pour vendre. La vie ordinaire en est déjà bien assez remplie.
Ne m'insulte pas en public si tu ne veux pas que je te crache dans la bouche.
Surtout quand tu veux me vendre un produit.
Parce que maintenant, étant totalement le coeur de la cible des clients potentiels, je vais bien faire attention aux prochaines campagnes de pubs. Et pourtant, j'adore ma voiture. Mais au prochain dérapage, moi et mon cul de connasse étourdie, on ira peut être mettre notre argent ailleurs.
Parce que j'ai des talons hauts, mais tu peux toujours te les fourrer là où le soleil ne brille jamais avant que je t'achète un produit pendant que ton équipe de pub me ridiculise.
Love.
Dame Fanny & Paulette