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De la féminisation du métier d'enseignant, un problème pour Natacha Polony

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Blabla avant le sujet :

Je m'excuse de l'absence d'articles ces derniers temps, mais j'ai l’extrême bonheur de travailler à l'usine pour payer mes études cet été.

Ce qui signifie que quand je rentre de huit heures de travail à la chaine, je n'ai plus aucune connexion neuronales. Faire le même geste pendant des heures m'enlève tout esprit critique, et tout volonté de faire la moindre action. Je ne louerais jamais assez le courage de ceux pour qui c'est le quotidien.

Laissez moi là bas deux mois de plus, et je vais finir par m'acheter une télé et voter à droite.

(Sortez moi de là, je vais finir par tuer quelqu'un. Bisous)

 

Sujet du jour :

De la féminisation du métier d'enseignant, un problème pour Natacha Polony

 

Heureusement qu'il existe sur internet des gens tellement offensants qu'ils arrivent à me sortir de ma torpeur ouvrière.

Il y a deux jours (Edit : Et non l'article date de Septembre 2011, achetez moi des yeux merci), Natacha Polony, journaliste au Figaro et spécialiste de l’Éducation (Nat', t'es sympa mais tu me diras quel DUT il faut faire pour être "spécialiste", je trouve ça classe) a écrit ce magnifique article : "Il faut plus de professeurs hommes, pour que les petits garçons aient un modèle masculin".

Chère Natacat, tu m'as tellement énervée que tu m'en donnes des palpitations. Ton article réac et vulgairement simplet me donne envie de me balancer par la fenêtre, et d'infliger à la vue de tous un gif d'un cheval avec des ailes arc en ciel à paillettes :

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Tu vois jusqu'où tu me forces à aller, Natacat?

 

Tout m'offense dans tes propos, tout me donne envie de m'arracher la peau et de frotter ma chair sanguinolente avec des orties couplés de barbelés.

A ce point là?

A ce point là.

Je ne suis pas dans le circuit ordinaire pour être professeur, je suis ce qu'on appelle une futur enseignante spécialisée. Tu sais, les gentilles madames et les gentils messieurs qui s'occupent des petits enfants gentils et handicapés. Ma formation recrute à bac + 3, et s'achève sur un joli bac + 5. Elle est extrêmement dure, je n'ai jamais autant bossé de toute ma vie à vrai dire. Il est très difficile de l'avoir du premier coup, dans l'année au dessus de moi, ils ne sont qu'une dizaine d'admis sur une trentaine d'élèves.

Pourquoi je parle de tout ça?

Parce que chère Natacat, je ne suis pas méga fan de ce passage :

"Les femmes vont de leur côté choisir des métiers qui leur donnent plus de temps pour s'occuper de leurs enfants. Cela explique la féminisation de l'enseignement."

Que dire? Que faire? Pourquoi on me renvoie mon utérus à la gueule encore une fois, alors qu'il n'a rien demandé? Je parle de cinq putain d'années d'études après le bac, et toi tu me parles de ma capacitéà faire des gosses? De quel putain de doit oses tu, Natacat?

De quel putain de droit?

Je suis actuellement en train de boucler un master. Je vais avoir un travail qui correspondra aux efforts que j'ai fait pour monter aussi haut, pour m'accrocher encore et encore, à faire des mémoires à la con que personne ne lira plus, et à buter toute la forêt amazonienne à force d'engloutir du papier sous des traits de stabylos fluos. J'en ai chié Natacat, t'as pas idées. Et il ne s'agit là ni de mes seins, ni de mon cul, ni mon utérus. J'avais tellement pas de thunes cette année que je mangeais moins, et mal. J'ai passé mes deux dernières semaines de révisions à bouffer des pâtes. Et oui, parce que dans l'enseignement spécialisé, on ne touche pas de bourses, et on doit même raquer notre formation. Cher, Natacat, très cher. Tu verrais la gueule de mon compte en banque, tu la bouclerais peut être un peu plus sur ma facilitéà choisir un métier dans l'unique but de pouvoir débaucher plus tôt pour torcher des gosses parce que je n'ai pas d'autre ambition.

Je fais des études supérieure, et comme je suis née avec une paire de XX, on vient encore me casser les ovaires que ce n'est pas suffisant.

Et ce n'est pas fini, Natacat chérie. Non bien sur, il a fallu que tu en rajoutse sur l'idée qu'il faudrait plus d'hommes dans l'enseignement pour montrer des modèles aux enfants. Pour qu'il y ai plus de respect aussi. La raison :

"L'école ne doit pas trop pencher du côté maternant. L'hyperféminisation a un rôle dans le rapport qui se construit entre les maîtres et les élèves et j'estime que les enfants n'ont pas besoin de ce côté maternant jusqu'à un âge avancé. Très tôt on peut introduire une dimension de distance et d'autorité."


Non seulement je suis une connasse de feignasse qui ne veut pas bosser trop tard pour rentrer directo à la maison, mais en plus je materne trop les élèves et c'est pas bon pour eux, les pauvres petits.

Est ce qu'il est possible encore de remarquer mon niveau d'études, et le fait que du coup, je sois peut être qualifiée parce que je suis pas trop conne et que j'ai eu des cours de pédagogie? Et que du coup, je ne fais pas des transferts à la con sur les gosses? Que je sais faire la distinction entre mon enfant et l'enfant des autres, et que je ne leur apporte pas des bonbons, une galette et des petits pots de beurre?

Que moi, si je devais définir ma vision de prof, je serais plutôt comme lui : http://appelezmoimaitre.over-blog.com/article-je-n-aime-pas-les-enfants-80869229.html

Que la dernière fois qu'un élève m'a pris la tête, il m'a retrouvé au cours suivant assise sur le bureau, les jambes en tailleur même, et qu'il a pris l'engueulade de sa vie. J'ai engueulé un enfant, et encore pire, j'ai engueulé un élève handicapé.

T'imagines l'angoisse qu'à du éprouver mon côté maternant? Au fond de moi, ma partie maternelle avec son tablier et ses confitures se foutait en position fœtale, et pleurait toutes les larmes de son corps.

J'ai même fini mon sermon avec les larmes aux yeux, tellement ça bouleversait ma fibre maternelle.

Non, je déconne.

J'ai fini mon sermon parce qu'il avait duré plus de trente minutes, et que mon élève qui n'avait jamais l'habitude de se faire engueuler (et il avait un papa cet élève, Natacat) me regardait avec d'énorme yeux. Je lui ai même fait signer un contrat l'obligeant à se bouger le cul. 

Par contre ce qui me fait pleurer, c'est cette phrase là :

"Ces garçons là ont besoin de respect, de quelqu'un à qui ils vont pouvoir s'identifier et qui va pouvoir leur montrer que le savoir c'est quelque chose de viril"


Je ne sais pas quoi dire, à part que c'est terriblement con comme raisonnement. Ça me fait penser à ces conneries qu'on croise sur facebook et sur les chaines envoyées par tes contact un peu paumés par mail. Celle du genre :

"Si tu as grandi à mon époque ; tu faisais du vélo sans casque ; tu te prenais une baffe si tu répondais mal; tu jouais dans la rue ; tu mettais les fringues de tes frères ou sœurs ; tu respectais tes professeurs et tu avais même de l'affection pour certains et finalement tu t'en es bien sorti!. Colle ça sur ton mur pour freiner un peu la connerie des jeunes de maintenant qui ont tout et ne sont jamais contents"(Copié-collé directement de facebook, merci les amis)


Les jeunes de maintenant, ils ont plus de respect, c'est tous des petits cons qui frappent leur enseignante et qui veulent le dernier ipad. Il leur faut des coups de pieds virils au cul hein ma bonne dame, il faut les remettre dans le droit chemin à ces petits branleurs qui font toujours tout ce qu'ils veulent. Bande de petits salopiauds, moi je te rétablirais le service militaire hein, ça filerait doux tu peux me croire. Et une fessée, ça a jamais tué personne à ce que jsache hein.

C'est bien ça hein? J'ai bon?

"Le rapport maître-élève est fondamental dans le processus d'apprentissage. Le fait que dans leur scolarité ils puissent rencontrer des hommes, serait très sain pour qu'ils puissent intégrer très tôt que l'école est un lieu d'autorité"


C'est ce sexisme ordinaire qui me tue. Cette case où on me force à rentrer, à coup de généralisation et d'idées préconçues. On en crève de cette vision là, et encore plus quand il s'agit une nouvelle fois de généralités déclamées par des femmes elles mêmes. Cette idée que j'aurais toujours moins de voix, et moins d'autorité qu'une belle paire de couilles, peut importe mes diplômes, peut importe les résultats.

A l'usine en ce moment, je me suis cassé tous les ongles de chacun de mes dix putain de doigts de petites filles fragiles. J'ai des coupures sur la totalité de mes avant bras. Je fais le même travail qu'un homme, et je le fais aussi bien. C'est dur, c'est éprouvant mais personne ne vient y trouver à redire parce que je fais mon travail comme on me le demande. Point. Fille ou garçons, aucune important sous les blouses qui a-sexualisent, les cheveux longs retenus par un filet et les yeux cernés des deux côtés.

Pourquoi cette discrimination quand je monte des étages? Quand je suis plus diplômée et que j'ai de l'autorité?

Pourquoi tu me tires dans le pied Natacat? Pourquoi tu me fais passer pour une incapable avant même de me connaitre? Pourquoi tu me brandis mon sexe alors que je te montre mon nombre d'heures de formation? Pourquoi tu me parles de virilité quand je te parle de connaissance et de transmission de savoir? Pourquoi tu me craches à la gueule Natacat? Pourquoi?

En juillet 2013, si je me débrouille bien, j'aurais achevé mon master et j'aurais le statut de professeur. D'ici là, j'espère que bien peu de gens t'auront écouté Natacha. Parce que ta gerbe verbale ne mérite pas plus qu'un peu d'énervement dans un article estival.


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