Du blabla avant le sujet qui fait "don't want your money I've got my own I juste want your dirty love "
J’expérimente quelque chose de relativement nouveau depuis bientôt deux mois : Je suis en colère et agressive presque en permanence. Le reste du temps, je travaille. Géniale-ma-vie. Je ne peux pas en parler plus, et j'en ai encore jusqu'au mois de juillet. La plupart du temps, je refuse de voir mes amis et de les avoir au téléphone parce que je sais que je suis infecte. Et auto-centrée à mort, en mode "y'a que moi qui souffre les gars, tmtc".
Cette grosse connerie du mérite acquis par la souffrance. Miam miam la France, tu reprendras bien une cuillère de morale judéo-chrétienne ma fille.
Le seul avantage àça, c'est quand même que je me fais bien moins emmerder dans la rue. Ça permet d'apprendre une chose que j'ignorais avant : L’agressivité fait gagner un temps un précieux lorsqu'une personne bourrée nous tient la jambe. Mon dernier "tu t'occupes de ta copine desuite sinon je la défonce"à un homme qui trouvait très drôle de nous laisser gérer sa cougar complétement raide/chiante/tactile a été d'une efficacité redoutable.
Je ne recommande évidemment pas mon attitude mais c'est indéniable : Les jambes écartées sur le siège et l'air menaçant, on doit casser un schéma.
Sujet du jour :
De le "Mettez du rouge", ou la campagne qui passe un peu à côté pour le 8 mars
Allez, je ne vous la refais pas : On est bientôt le 8 mars, et ça donne déjà envie de râper le visage des gens contre le goudron de l'A65. Chaque année, ça me donne l'occasion de virer des comptes de twitter, option non négociable, tu fais une blague puante, ciao mon gars et bonne route. Ta misogynie de merde et ton "tu feras la vaisselle demain ahaha", tu te les cales bien profond et peut être même que tu trouveras ton point G au passage. #bisous.
Cette année, il y a eu une initiative intéressante pour l'occasion de la journée des droits de la femme. L'opération "Mettez du rouge". Le problème, ce que je n'y adhère pas du tout. Et je vais expliquer pourquoi. Mais je ne m'aime pas trop quand même, de dire du mal d'une initiative pendant que moi, je ne fais rien du tout en retour. L'impression d'être un gros troll, en mode "ba c nul ske tu fé té moche lol", le derrière bien assis sur ma chaise en ne bougeant pas mon petit doigt.
L'opération, la voici :
Merci mais non merci.
Il n'y a rien qui me plait dans cette initiative. Et pourtant, j'aime l'idée du mélange des genres, et du féminin porté par du masculin (La preuve). Mais là, ça n'a rien à voir avec rien, et on se sert des codes pour n'en faire pas grand chose d'utile.
Encore une fois, désolée de reprocher à quelqu'un qui tente alors que je ne propose rien de mon côté.
Mais bon, le message que j'ai envie d'entendre, ce n'est pas "Moi homme, je m'engage à défendre les femmes, ces êtres faibles".
Moi, je veux entendre "Moi homme, je m'engage à ne pas emmerder les femmes, même quand je trouve ça drôle et que c'est juste pour RIGOLAY, même quand je suis bourré avec mes potes et qu'on s'amuse, même quand elles portent des décolletés/jupes courtes/ du rouge à lèvres, même quand elles sortent le soir toute seule"
Bien sur que je serai favorable à ce que tu viennes m'aider si je me fais agresser et que tu es à côté. Mais comme tu le ferai pour un homme, pour un enfant ou pour un vieux. Parce que l'article Art. 223-6 du code pénal, il dit que "Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l'intégrité corporelle de la personne s'abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende".
Et que si tu ne le faisais pas, j’essaierais de te faire raquer jusqu'à la troisième génération mon chou. Raboule la thune, vil couard!
Nemo censetur ignorare legem
(= La loi c'est pas pour ta mère)
Que tu portes du rouge à lèvres ou non choupi-chou, aides moi si on vient s'en prendre à mon intégrité corporelle. Et si tu ne peux pas, appelle la police, les pompiers, le samu, la boulangère, mais fais quelque chose. Parce que le code pénal te le dit, et parce que c'est humain. Pas parce que je suis vieille meuf qui ne peut pas se défendre toute seule. Parce que je suis le même humain que toi, et que je ferais pareil à ta place. Le mieux, ça serait surtout de commencer à nous aider quand on se fait emmerder dans l'espace public. Quand mon intégrité corporelle se porte bien mais que j'ai Jean Relou qui me gonfle, ou qui m'insulte. Ça serait bien urbain.
Mais la position de chevalier blanc qui vient à mon secours, mon dieu, c'est tellement malvenu quand on parle de viol. Je ne veux pas d'affiche parlant à ma place pour dire que je veux être secourue. Que j'ai besoin d'aide. Que je suis si faible et fragile dans la jungle de la vie.
De plus, les viols c'est rarement dans l'espace public. Je sais qu'on aimerait bien garder cette idée que les violeurs ne sont que des fous qu'on trouve dans des parking souterrains ou à la sortie des boites-de-nuit. Mais la réalité, c'est que c'est souvent à l’intérieur, que c'est souvent une personne connue de la victime (ce fait me fout tellement, tellement la gerbe).
Donc ton petit speech de "promis, je viendrais au secours d'une demoiselle en détresse", c'est un peu un coup d'épée dans l'eau. Évidemment que moi aussi, j'irais aider une personne en difficulté. Même ma grand mère et son arthrose clopinerait pour foutre des coups de pompes au connard. Cette phrase, c'est aussi con que "Moi, si j'avais une machine à remonter le temps, j'irais tuer Hilter parce qu'il est TROP BAD" (Alors que tout le monde chercherait surtout un moyen de se faire de la thune)(si, bande de menteurs)(et casser la gueule au petit con du collège qui se moquait de notre gros cul et notre absence de nichons).
L'autre point dangereux de cette campagne, c'est d'utiliser le rouge à lèvres. Le rouge à lèvres, et sa jolie symbolique de provocation, de côté sulfureux, du jolie cliché de la Salope-au-parfum-capiteux-et-aux-lèvres-rouges assoiffée de pénis. Porter du rouge à lèvres rouges, c'est comme le décolleté ou la tenue courte, c'est retenu contre toi s'il t'arrive une bricole. Genre tu l'as un peu cherché meuf.
"Tu l'as un peu cherché". Cette phrase à vomir qui dit que c'est un peu bien fait pour ta gueule, toi et ton envie de plaire, si on t'a frappé, si on t'a menacé et que t'as flippé pour ta vie, si on t'a infligé une relation sexuelle pendant que tu te débattais, ou pendant que t'étais paralysé(e) par la peur. Pendant que tu subissais un crime. Mentalité vérolée de sexisme ordinaire puant.
Encore une fois, je veux des campagnes qui ne disent pas "Ne sois pas violé(e)" mais "NE VIOLE PAS". Des campagnes contre la culture du viol. Si tu ne vois pas de quoi je parle, va voir ICI parce que ça t'apprendra des trucs. Si tu penses que cette culture n'existe pas, ce n'est pas la peine de venir le dire dans les commentaires parce que je ne te demande pas si tu crois au père noël. Je te dis qu'on vit dans une société où on cherchera toujours à savoir si la fille qui a été violée portait une tenue provocante ou qu'elle avait un comportement aguicheur.
Si tu me soutiens que ça n'existe pas et qu'on est vraiment trop méchantes, va te foutre en haut d'une grue, ça marche bien en ce moment. #bisousBis.
Je veux des campagnes du 8 mars qui font prendre conscience du sexisme qu'on vit tous les jours. Qu'on arrête de me dire en permanence que je suis hystérique quand je dis que mon sexe me dessert dans ma vie. Que je subis une discrimination que je ne subirais pas si j'avais des couilles (Y'A PAS D'OVULES DANS LES TESTICULES). Que les hommes puisse prendre conscience qu'ils ne vivent pas dans la peur du viol alors que nous, on nous plonge la gueule dedans dès qu'on peut.
Ne sors pas trop tard ma fille, n'invite pas n'importe qui ma fille, FAIS ATTENTION MA FILLE. Tout ce qui vient avec, retirer ses écouteurs la nuit pour écouter les pas des autres, les clefs dans la main comme poing improvisé. Qui ne l'a jamais fait? Je ne répéterai jamais assez que mon tiers provisionnel doit bien payer un peu du bitume de ma putain de ville, et que je peux bien le fouler de mon pied délicat à l'heure que je veux. Et même sans mon tiers provisionnel d'ailleurs.
Je ne vous veux pas comme mon sauveur. Je vous veux comme des gens qui réfléchissent et prennent conscience de ce qui reste à améliorer dans cette société de 2013. Qu'on doit faire encore beaucoup d'effort pour la parité, et pour l'égalité entre nous tous. On avance, petit à petit, chaque centimètre pris n'est plus à prendre. Je ne veux pas de rouge sur vos lèvres, j'y préfère une parole pour votre pote bourré la prochaine fois qu'il viendra draguer/emmerder la jeune fille à côté qui attend le métro. Ou même vos lèvres closes, mais un processus de réflexion dans votre tête sur ces fameux droits de la femme qui ne sont pas encore égaux à ceux des hommes.
Par avance, merci.